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analyse critique des médias version print pdf

module i325
cours 1: analyse critique des médias
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3_introduction à la sémiologie
1_image et langage: un débat sémiologique
1.1_l’opposition image-écrit
Selon une idée très répandue nous serions aujourd’hui dans une “civilisation de
l’image” ce qui sous-entend que nous ne sommes plus dans une civilisation de
l’écrit.
Cette substitution est considérée soit comme un progrès -l’âge électronique rendant
caduc l’age de l’imprimé- ou au contraire comme une régression - l’univers factice et
superficiel de l’image entraînant, avec la disparition de l’écrit, celle plus générale du
langage et donc de la pensée.
Dans ce discours, la communication par l’image est opposée à celle par le langage:
communiquer par l’image reviendrait donc à ne plus communiquer par le language, à
menacer la parole de disparition, non seulement comme outil de communication
mais aussi comme outil de pensée, de personnalité, d’identité.
Ce débat est avant tout situé sur un plan moralisateur.
Que l’image soit un système de signification différent de l’écrit est une évidence;
prétendre en revanche que la soi-disant prédominance de l’image supprime le
langage est une erreur:
-Barthes a montré dès 1964 -in Communications n°4, recherches
sémiologiques, Seuil,1964- que tout système de signes (de signification et de
communication) se mêle de langage verbal: il constate en effet que dans toute
image-cinéma, télé, pub, bd, photo de presse...- le langage verbal double la
substance visuelle et entretient alors, dans presque tous les cas, un rapport structural
avec le message visuel.
A l’inverse affirmer que le langage verbal domine tout le langage, y compris visuel,
car comprendre c’est dire ou nommer; pose le problème des relations entre langage
et sens, entre langage et pensée, entre langage et communication.
-pour Barthes:”percevoir ce qu’une substance signifie, c’est fatalement
recourir au découpage de la langue: il n’y a de sens que nommé et le monde des
signifiés n’est autre que celui du langage...”
-pour Christian Metz -in Le perçu et le nommé- la possibilité de transcrire
en mots la chose (image) perçue complète la perception elle-même qui, tant qu’elle
n’a pas atteint cette étape, n’est pas socialement achevée.
Cette proposition -qui relève de la philosophie du langage- soulève le problème de
la relation entre le perçu et le déjà connu.
-pour Metz -in Au-delà de l’analogie, l’image- toute image, aussi
parfaitement analogique soit-elle est utilisée et comprise en vertu de conventions
sociales qui reposent toutes, en dernière instance sur l’existence du langage.
1.2_le statut de l’image
Cette civilisation de l’image qui serait la nôtre est toute relative. Il est indéniable que
ces cent dernières années les images se sont quantitativement multipliées dans des
proportions impressionnantes. Le sentiment d’envahissement des images provient
de cette multiplication.
Ce n’est toutefois qu’un phénomène secondaire en comparaison du bouleversement
profond qu’a subi le statut de l’image pour passer de l’image spirituelle à l’image
visuelle.
L’image médiévale -pour ne pas parler d’images lointaines dans le temps ou de
notre civilisation- était fondamentalement différente de celle d’aujourd’hui: elle ne
possédait pas nécessairement de valeur sentimentale, ou si elle en avait une, celleci
était considérée comme pure apparence terrestre, sans valeur en regard des
entités spirituelles, immatérielles et célestes auxquelles elle donnait accès.
Leur rôle était avant tout idéologique, intellectuel et social.
La véritable révolution de l’image est donc plutôt liée à la réduction progressive-à
travers l’histoire-de sa force transcendante pour se réduire à l’enregistrement des
apparences. La multiplication des images à laquelle nous assistons nous fait penser
à un retour de l’image, notre civilisation reste pour autant une civilisation du langage.
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http://www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/lascaux/fr/index1.html
2_sémiologie: notions et concepts
Le type d’approche que l’on fait de l’image dépend du champ dans lequel on décide
de son étude:
-scientifique:math, informatique
-esthétique: philosophes, théoricien de l’art
-historique ou sociologique: si l’on s’interesse à son évolution et à ses usages
-psychologique: si elle concerne des phénomènes de représentation ou de réception
-.....
Quelle que soit cette approche nous devrons recourir à des outils d’analyse qui nous
permettent de comprendre la signification, la production de sens de l’image visuelle
fixe.
2.1_sémiologie / sémiotique
Dans Le Signe: Umberto Eco nous montre qu’à partir de cinq concepts clé “signe,
signifié, métaphore, symbole et code” tous les philosophes se sont rendus compte
de l’importance capitale du débat sur la langue et les autres systèmes de signes
pour éclaircir nombre d’autres problèmes allant de l’éthique à la métaphisique.
Eco définit la sémiotique comme “une technique de recherche qui réussit à décrire le
fonctionnement de la communication et de la signification”.
2.2_image
Essayons de définir ce que l’on entend quand on parle d’image: “quelque chose qui
ressemble à quelque chose d’autre” selon Eco; au bout du compte une
représentation analogique principalement visuelle.
2.3_signe
Selon Eco, toujours, la caractéristique élémentaire du signe est d’être “à la place de
quelque chose d’autre”, d’être “un tenant lieu de”.
2.4_en résumé
Essayons de voir ce que cette amorce d’approche sémiologique de l’image nous aide
à mieux comprendre:
Tout d’abord que l’image, au sens commun et théorique du terme, est un outil de
communication, un signe parmi tant d’autres exprimant des idées par un processus
d’interprétation.
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Qu’elle se caractérise plus par son mécanisme -analogie avec le représenté- que par
sa matérialité
Que travailler sur l’image visuelle est un choix et non une nécessité puisque l’on
aurait aussi bien pu travailler sur l’image sonore, ou verbale ou encore sur l’image
mentale
Qu’il n’y a pas d’image “pure” et que donc ses emprunts aux mécanisme d’autres
signes sont à prendre en compte pour étudier l’interprétation induite
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Que le simple fait de choisir de s’exprimer par l’image visuelle est déterminant pour
l’interprétation: ce choix met en jeu des types d’associations mentales et des
champs associatifs bien précis (analogie, qualitatif, relationnel, comparatif..)
3_civilisation de l’image?
Revenons à la problématique de l’image et de sa lecture, nous essaierons de
développer quelques points, importants parmi d’autres, et plus particulièrement liés
à notre propos: la communication
3.1_pourqoui regarde-t-on une image?
008_dubuvich_la fête des mères
La production d’image n’est jamais totalement gratuite. De tout temps les images
ont été fabriquées en vue de certains usages (individuels ou collectifs)
Cette question en appelle une autre: à quoi servent les images? ou encore à quoi
fait-t-on servir les images?
Examinons une des raisons essentielles qui font produire des images: son
appartenance au domaine symbolique, qui met l’image en rapport de médiation
entre le spectateur et la réalité.
3.2_le rapport au réel
Reprenons la classification de Rudolf Arnheim, 1969 qui propose un classement
commode des valeurs de l’image dans son rapport au réel.
-valeur de représentation:
l’image de représentation figure des choses concrètes, dont le niveau d’abstraction
est inférieur à celui des images elle-mêmes
-valeur de symbole:
l’image symbolique figure des choses abstraites: elle est fortement chargée
historiquement
-valeur de signe:
une image sert de signe lorsque le signifiant visuel a un rapport totalement
arbitraire- issu de conventions- avec son signifé (panneaux routiers)
Les relations qu’entretient l’image avec la réalité sont extrêmement complexes, elles
ont par ailleurs beaucoup évolué au cours du temps. Le propos n’est pas ici de faire
un historique de cette relation.
Examinons le cas de l’image photographique, lointain rejeton de la camera obscura qui
illustre bien cette question.
009_Muybridge 1877
Elle nous revoie aussi à un long débat-culturel, idéologique, esthétique et artistiquesur
le réalisme.
Une bonne partie de ce débat provient d’une confusion entre deux niveaux de
problèmes:
-d’une part le niveau psyco-perceptif, sur ce plan les notions de double réalité des
images, de ressemblance font partie de l’expérience visuelle de tout être humain
-d’autre part le niveau socio-historique qui dans une société donnée, fixe
rigoureusement les critères de ressemblance et qui instituent des règles et une
hiérarchie dans l’acceptabilité des images.
010_Géricault, le derby
Ainsi la perspective cavalière, dans laquelle il n’y a pas de point de fuite, est utilisée
dans la quasi-totalité des estampes classiques japonaises: elle correspond à un
refus de hiérarchiser le proche et le lointain.
Dans notre culture la perspective centrale tient, à partir du XV siécle, un rôle
important dans la représentation. Elle cherche en effet à copier la perspective
naturelle qui régit le fonctionnement de l’oeil.
011 vermeer_l’astronome
Ce choix n’est pas innocent: ce faisant nous avons donné à la vision de notre oeil un
rôle de modèle de toute représentation.
La perspective centrale s’impose à la Renaissance, elle est contemporaine à
l’apparition d’un espace systématique , mathématiquement ordonné; elle est aussi
liée à l’esprit d’exploration qui allait mener aux grandes découvertes. Elle s’impose
dans un contexte culturel déterminé: au carrefour d’inventions politiques,
scientifiques, technologiques, esthétiques et bien sûr idéologiques.
3.3_les fonctions de l’image
3.3.1_reconnaissance et remémoration
Mettre sur la toile ce que l’on voit, c’est bien. Peindre ce que l’on a gardé dans sa mémoire
c’est beaucoup mieux.C’est une metamorphose de ce que l’on a gardé dans sa mémoire...On
ne reproduit que ce qui est contraignant, c’est à dire le nécessaire. Edgard Degas
012 automate(détail), hopper 1927
Hopper en 1930, décrit sa peinture comme l’exacte transposition de ses perceptions
intimes et non interchangeables.
Les tableaux de Hopper mettent en scène une réaction du spectateur, ils installent
un intertexte dont la signification ne se revèle que dans l’acte de perception.
Il en va de même de notre album de famille et de la grande majorité des
photographies produites.
3.3.2_l’image comme message: images de pub
Tout n’a-t-il pas déjà été dit par rapport à cette fonction de l’image, omniprésente
aujourd’hui?
Les images publicitaires constituent une sorte de prototype de l’image médiatique.
Notre époque -amnésique du sens et de l’usage des images- leur attribue volontiers
un caractère magique et exemplaire.
L’image de pub a été l’un des premiers objets d’observation de la sémiologie de
l’image, débutante dans les années 60, qui en retour a apporté à la publicité des
outils théoriques nouveaux. La publicité, nous rappelle Jacques Guyot (in:l’Ecran
publicitaire, l’Harmattan, 1992), est grande consommatrice de théorie et “d’outils
théoriques lui permettant d’analyser, de comprendre l’individu dans ses rapports avec
ses propres désirs et motivations, dans ses interactions avec les autres individus de
la société, dans sa perception des médias et de leur modes de représentation”.
Le caractère principal de ces messages visuels est sans doute le fait qu’ils sont
construits par différents outils et constitués de divers types de signes: plastiques,
iconiques, linguistiques. l’interprétation de ces divers signes joue sur le savoir culturel
et socioculturel du spectateur, sollicitant chez ce dernier un travail d’associations
mentales.
Plus que toute autre l’image de pub entretients un rapport étroit avec le langage et
utilise des l’ensemble des formes réthoriques de ce dernier, on lira à ce propos
Jacques Durand, Rhétorique et publicité, in communications n°15,Seuil,1970; une
référence en la matière.
013_orange, pub 2000
3.3.3_images d’un monde inconnu
Cette photographie, n’est pas une fraise. Elle n’est pas non plus le résultat du
microscope à balayage qui l’a produite (image en niveaux de gris), de fausses
couleurs ont été introduites...
Cette image construit une rupture complète avec le monde perçu. Bien plus qu’elle
nous montre quelque chose, elle trahit ou révèle le regard que la science porte sur le
monde.
014_fraise
3.4_le temps représenté
La représentation du temps et du mouvement dans l’image est un thème qui nous
interésse ici à plus d’un titre, nous reviendrons sur ces notions au sujet de l’image de
synthèse et de l’animation.
015_bullet
La photographie offre les moyens de figer l’instant, de retenir une sorte de parcelle
de cette dimension. Parmi d’autres c’est sans doute le photographe Muybridge qui a
exploré le plus avant cette relation entre image, mouvement et temps.
A l’inverse l’image peut aussi “contenir” du temps, représenter, suggérer ce dernier.
Le tableau de Hopper, Motel à l’ouest, 1957 , est un exemple de cette dimension
particulière de l’image. La femme assise regarde le spectateur et l’ensemble fait
l’effet d’un portrait sur un fond immobile. Pourtant, dans cette scène l’immobilité se
conjugue de manière frappante avec le mouvement. Représenté, à l’intérieur par la
lumière qui tombe dans la pièce -en contrepoint de l’immobilité de la femme- et à
l’extérieur, cadré par une large fenêtre, par le capot de la voiture. Pourtant cet
extérieur, présenté comme un tableau, montre simultanément l’image figée d’un
paysage qui ressemble à un décor. Celui du territoire perdu d’une Amérique passée.
016_motel à l’ouest,1957
3.5_conclusion (provisoire)
Le poids culturel attaché à l’image par notre histoire est extrême et les liens sont
étroits entre l’image et la mort, le sacré, la vérité, la connaissance...
Que ces associations existentielles déterminent une attente spécifique à l’image,
différente de celle du langage. L’image médiatique -presse, télé, pub...- perpétue ce
type d’attente, ce qui explique qu’elle déçoit plus qu’elle ne satisfait.
Que l’attente de verité et de justesse est plus liée au caractère de trace et
d’empreinte de l’image qu’à celui de ressemblance.
Qu’au-delà de la ressemblence, ce que l’on désire retrouver -selon Barthes- c’est la
reconnaissance, qui correspond à la conformité avec une attente culturelle,
psychiquement et historiquement déterminée.
4_les signes fondamentaux
(carré, triangle, cercle, flèche, croix)
IN:Adrian Fluckiger, Des signes et des hommes
L’homme à un sens inné de la géomètrie, en temoignent les vestiges de signes
primaires semblables à travers l’espace et le temps.
Pour un nombre restreint de signes leur signification est analogue chez les races et
les époques différentes:
-le carré
>paroi clôturée
>espace habitable
>terre, 4pts cardinaux (préhistoire)
>>transformé en rectangle: perte du caractère symbolique
>>sur la pointe: instabilité, il dérange = signal
-le triangle
>toujours appréhendé par une verticale/horizontale
>>caractère directionnel, mouvement par rapport à la verticale
= signal de direction, gauche/droite mais non haut/bas, sauf par
deux=symétrie
>>haut: pyramide, stabilité, attendre (montagne),
apaisant, abri (toit)
>>bas:actif, symbole de l’outil, de l’action, balance.
alarme
-le cercle
Lignes droites: intellect, modernité
courbes: émotivité, douceur
>éternel retour, ligne sans fin
>primitif: évocation de soleil, de la lune, des astres
>aujourd’hui: roue, mécanismes
>le cercle évoque: un objet / une sphère / puis roue (centre) / trou
>>chacun se situe par rapport au cercle:
-à l’intérieur: évocation de l’oeuf
-de l’extérieur: soleil, vie...
-la flèche
Mouvement, direction gauche/droite, moins évident haut/bas
>plus de 45°=résistance
>45° pénétration lente
>30° charrue
>20° idée d’un flèche
>le signe devient arme
survie/vulnérabilité
agressivité/peur
>l’arme devient signal
-la croix
signe des signes, abstraction, précision, le + est l’incarnation parfaite de la symétrie
déformé (position du centre, bias) il devient:
>multiplier, protection (bras croisées devant le visage)
>forme humaine
>sur un pied
>récipient
>abri
>un point central en fait un signe fixe: pas de mouvement, rotation...
>structuration de l’espace:statique / dynamique
fort symbolisme (chrétien) lorsque il prend la forme d’une croix
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